Directeur : Yorgos Lanthimos
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=SYb-wkehT1g
Synopsis : La montée d’une rivalité entre deux cousines qui cherchent à acquérir les faveurs de la reine d’Angleterre.
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Yorgos Lanthimos (DOGTOOTH, THE LOBSTER, THE KILLING OF A SACRED DEER) s’est toujours spécialisé dans un équilibre des tons impressionnante. Il pose un regard sur des situations tordues et déjantées qui nous font constamment rire avec malaise, nous effroi et reste toujours aussi fascinantes. Sans trop de surprise, THE FAVOURITE s’inscrit parfaitement dans cette lignée et, tout en étant avec grande surprise son film le plus accessible, il construit aussi ici son film le plus impressionnant et hilarant de sa filmographie.
Comme un cousin bâtard et mal élevé du MARIE-ANTOINETTE de Sofia Coppola, THE FAVOURITE ne se gêne pas pour souligner avec beaucoup de moqueries l’opulence dans laquelle la royauté se complaisait à l’époque. Par contre, malgré toute la répartie du scénario acéré, il n’oublie pas que nous avons affaire à des humains et non des punching-bags. Ainsi, on se moque, on s’esclaffe, mais on comprend et ultimement, une certaine culpabilité entre en ligne de compte. Il y a une fascination morbide à voir des individus, qui ont tout, être aussi misérable et dépérir a vu d’œil. Les corps s’affaissent et l’intégrité physique des personnages s’émiette à mesure que la lutte de pouvoirs s’enflamme dans le triangle amoureux formé des trois protagonistes.
Tandis que les offrandes précédentes de Lanthimos étaient marquées par une froideur des jeux et des univers, THE FAVOURITE est sur-animé, chaud, vivant et dynamique. La direction artistique s’en donne à cœur joie, la caméra s’amuse aussi follement à construire des plans tantôt magnifiques, tantôt dérangeants, mais toujours hypnotisant. Contrairement à la majorité des drames costumés d’époque, celui-ci bouge à toute allure et reste infiniment ludique, avec un scénario propulsif et des acteurs qui ne font rien à moitié.
Malgré la valeur distrayante du film, Lanthimos arrive tout de même à nous laisser sur une finale qui laisse un goût amer et pousse à la réflexion sur notre véritable appréciation de cette histoire et ses personnages. Cette conclusion déstabilisante amène tant à un film qu’il sera excitant de revisiter, si ce n’est que pour arriver à bien saisir chacune des lignes de dialogues de l’exquis scénario.
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