Directeur : Ryan Coogler
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=dxWvtMOGAhw
Synopsis : suite à la mort du roi, le prince du Wakanda - un pays africain secrètement le plus avancé de la planète- hérite du trône d'une nation en remous politique provoqué par des menaces extérieurs et le retour d'un prétendant asoiffé de justice.
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Star Wars, Lord of the Rings, James Bond, The Avengers, tous des films/univers qui ont marqué l’imaginaire collectif de façon considérable et ont défini le paysage cinématographique populaire occidental. Loin d’être un hasard, ils sont aussi tous centrés sur des personnages caucasiens, le blanc ayant toujours la couleur « standard » pour le cinéma américain à grand déploiement. Il semble qu’avec Black Panther, Ryan Coogler s’est donné la tâche d’être comparable à toutes ces icônes du cinéma tout en compensant pour une existence complète d’absence sur les grands écrans de la culture africaine et de personnages noirs…et il atteint son objectif avec panache. Ainsi, son Wakanda est une magnifique tapisserie afrofuturiste riche en mythologie, en personnages diversifiés et attachants, en thèmes d’actualité et en marqueurs culturels qui ont enfin droit à leur place sur grand écran pour la première fois.
Presque entièrement divorcée de l’univers Marvel, la découverte de Wakanda peut ainsi être une expérience à part entière. Cette séparation permet d’éviter le moule habituel du film de superhéros et entraine ainsi un film qui mélange intrigues royales, film d’espionnage, science-fiction et drame shakespearien. Notre aventure au sein de Wakanda nous offre ce que les films de Thor ont toujours voulu atteindre avec Asgard et n’ont jamais vraiment réussi, du moins jamais comme Black Panther.
Dès l’ouverture, une narration amène immédiatement ce sentiment de grandeur et d’importance à l’histoire à laquelle nous allons assister. Wakanda est un vrai endroit, avec une Histoire, un peuple, des traditions, des valeurs et ce le récit qui s’y passe a du poids et est significatif. On s’attache rapidement à la nation entière, peuplée de personnages secondaires tous marquants et distincts. La richesse humaine de la nation Wakandaise est telle que lorsque nous arrivons à l’apogée, il y a un combat impliquant une dizaine de nouveaux personnages que nous pouvons identifier et dont on se préoccupe du sort…réparti dans les deux camps! Ça faisait un bail qu’autant d’acteurs talentueux arrivaient si rapidement à créer tant de personnages mémorables au sein d'un seul film.
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Au niveau visuel, Marvel semble avoir compris que les couleurs amènent gros à une signature visuelle marquante (Guardians, Thor : Ragnarok). Cette couleur, combinée à la direction artistique fièrement ancrée dans la culture africaine, est une composante cruciale pour rendre l’expérience encore plus immersive et stimulante. Seul bémol, les scènes d’actions ne sont définitivement pas à la hauteur du talent mis de l’avant par Coogler dans Creed – film contenant les meilleures scènes de combat de toute la série Rocky.
Tout ce visuel magnifique ne serait que du glaçage vide de calories si le scénario n’était pas sur la même longueur d’onde. Black Panther n’est pas qu’un film d’action/superhéros situé dans un lieu géographique africain, il est aussi ancré fermement dans la perspective de son réalisateur. Il n’a pas peur de spécifiquement dénoncer le colonialisme, l’oppression blanche et l’esclavage comme les maux ancestraux des peuples noirs qui sont retenus en arrière depuis des générations, sous la botte tyrannique de colonisateurs. Même si ces discours sont, entre autres, tenus par le vilain du film, le génie de cette décision est de créer un méchant qui n’a jamais fondamentalement tort. Le Killmonger de Michael B. Jordan - facilement un des meilleurs méchants de tout le cinéma de superhéros, est profondément humain et tragique. Il internalise le conflit d’une nation entière et le poids de tant de haine et injustice ne peut que peser lourd sur l’âme de quelqu’un.
Riche, grandiose, distrayant et humain, Black Panther fait le meilleur usage possible de la plateforme qui lui est offerte. Un film à immense budget que tous vont voir et qui s’adresse à tous avec un propos que tous se doivent d’entendre et comprendre. L’été dernier, j’avais qualifié The Dark Tower du plus inconséquent des « blockbusters » depuis des années…Black Panther se révélera certainement comme l’un des « blockbusters » les plus conséquents du cinéma américain moderne de masses, et c’est pour le mieux.
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