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mother!

Directeur : Darren Aronofsky Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=XpICoc65uh0 Synopsis : Tandis que la titulaire « mère » essaie de restaurer sa maison pour en faire un paradis et que son mari, un poète reconnu, fait face à un blocage créatif, des invités-surprises viennent déranger leur quotidien.


Chacun des films de Darren Aronofsky comporte aux moins une séquence clé cauchemardesque, une image choquante qui continue de nous hanter longtemps après le visionnement. Le dernier plan de Pi, le camp des humains et les survivants dans Noah, le cauchemar dans Black Swan, la grande finale de Requiem for a Dream et même la violence désinvolte que les lutteurs s’infligent hors scène dans The Wrestler, tous sont encore vivement gravés dans ma mémoire, pour le meilleur et pour le pire. Qu’Aronofsky revienne au cinéma d’horreur total et assumé avec mother! est une bénédiction et le résultat est loin de décevoir. Sans jamais tomber dans les codes faciles, il réalise une expérience anxiogène dans laquelle l’inconfort et la terreur s’immiscent peu à peu dans la vie apparemment idyllique d’un couple, pour mener vers une progressive descente aux enfers qui dégénère comme j’ai rarement vu un film dégénérer. Aronofsky n’a jamais fait dans la subtilité et avec mother! il se fait plaisir et y va à fond comme jamais.

Dans l’immense maison qu’on ne quitte jamais, la caméra ne lâche pas d’une semelle la pauvre protagoniste (Jennifer Lawrence), prisonnière de la lentille et de notre regard comme elle est prisonnière de sa relation malsaine et de cette maison avec laquelle elle semble avoir une connexion particulière. Sans musique, il y a un travail impressionnant qui fut accompli pour habiter l’espace sonore et donner une ambiance propre au huis clos. De plus, avec peu d’imagerie d’horreur, l’angoisse de l’expérience passe en majeure partie par le son. L’immensité de la maison et les échos donnent l’impression que tout est proche et loin à la fois. Cela, combiné aux bruits dérangeants, les craquements, grattages et chuchotements nous désoriente constamment dans un lieu à l’existence propre. Cette tension est amplifiée par les invités impromptus qui envahissent le domaine de la mère, avec leurs actions et commentaires grossiers qui viennent ruiner le paradis du couple central et rendent l’expérience encore plus inconfortable.

Au sein d’un scénario assez impressionnant sont rassemblées énormément des thématiques favorites du réalisateur : la dévotion d’un artiste à son art et son public, l’obsession malsaine et destructrice, l’allégorie religieuse, l’acte difficile et complexe de création, l’humain cause de sa propre perte, une quête noble, mais malavisée et une femme qui lutte pour être à la hauteur des attentes irréalistes placées sur elle. En découlent ainsi de nombreuses lectures possibles (biblique, autobiographique, environnementale) et, aussi inconfortable et terrifiante que fut l’expérience, il sera bénéfique d’y retourner - toujours une marque de bon film - pour aller décoder plus profondément les symboles dissimulés un peu partout dans ce lieu d’épouvante.

En allant voir mother!, il est crucial de savoir à quoi s’attendre puisqu’il ne joue pas dans le cinéma d’horreur conventionnel. Plus proche d’une expérience viscérale marinée dans des symboles et allégories qu’un film narratif, on le vit plus qu’on le comprend. On ressort de la salle avec des questions, mais aussi le désir d’y répondre puisque toutes les clés nous ont été offertes. Cette richesse thématique, combinée à l’angoisse omniprésente et l’horreur submergeant de l’apogée font de mother! une expérience satisfaisante à plusieurs niveaux.

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