J'avais laissé de côté l'idée de faire un top de 2020 puisque mon cerveau de cinéphile un peu OCD trouvait pas l'exercice pertinente dans le contexte où je n'avais pas pu voir TOUT les films de l'année - comme le veut mon Processus. Ce Processus dérangé est devenu source d'angoisse et j'avais le sentiment d'avoir trop de film à rattraper avant de pouvoir m'y mettre sérieusement et donc je suis resté sur le quai à saluer ce bateau qui quittait sans moi. Par contre, un développement inattendu s'est produit : plus les semaines de 2021 avançaient et je lisais des listes de films favoris, des top de l'année, etc et j'en suis arrivé à un constat assez choquant : PERSONNE ne parlait de mon top film #1 de l'année ! Personne ! Boooouh ! Come on people ! Je me suis donc dit que je tenterais au moins de rectifier un peu cette injustice planétaire en faisant un post su' mon blog !
Voici donc :
10 - The Invisible Man
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Ou Comment optimiser une prémisse d'horreur et la moderniser 101. La simple accroche "un remake de L'homme invisible, mais traitant de la masculinité toxique" enflamme l'imaginaire. Sans en avoir vu un seul plan, on peut tout de suite visualiser ce film - et il est terrifiant. On est donc d'autant plus heureux en voyant que le résultat final est à la hauteur de cette promesse. En utilisant sa menace omniprésente (un peu comme It Follows le faisait) et en n'essayant jamais d'être subtil avec la métaphore (homme invisible = patriarcat), le cinéaste Leigh Whannell manifeste le cauchemard viscéral qu'est l'ubiquité masculine.
"Le patriarcat est partout, il pourrait même être dans la pièce au moment où on se parle ! " "Est-ce que c'est juste un rideau qui est bougé par le vent ou est-ce ton ex violent et aigri qui te stalk ?!"
Terrifiant.
9 - Borat Subsequent Moviefilm
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Au cours d'une des années les plus surprenantes du monde contemporain, l'une des plus grandes surprises reste tout de même le retour de Borat. L'ébahissement est d'autant plus amplifiée que Sacha Baron Cohen nous apprend que 1- le personnage a bien vielli (whaaaat?), 2- il arrive à rester pertinent ?! et 3- Il le fait en étant touchant ?!?!?
Bin voyons.
À la fois hilarant, malaisant, acerbe et sensible, on arrive difficilement à croire que ce film existe à mesure qu'il défile devant nos yeux. Et pourtant il est apparu direct sur nos tévés ! What a year.
8 - Jusqu'au déclin
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Desfois je lis des critiques (genre ce que j'écrivais en sortant de l'université) qui prennent beaucoup de mots pour décrire qu'un film est bien fait. "Ah, tel acteur est bon parce qu'il fait X ou Y, la tension fonctionne, tel ou tel truc de montage a été utilisé, les décors naturels du lieu de tournage sont bien exploités" C'est descriptif et ça m'ennuie et je vais arrêter de faire ça. Je me donne officiellement la permission de parfois avoir rien d'autres à dire que "Jusqu'au déclin est vraiment très bien fait, c'est un thriller efficace qui vaut le détour - surtout que dans ce cas ci, c'est pas un gros détour puisqu'il fait 83 minutes et qu'il est direct su' ton Netflix (bin, celui de tes parents que t'utilises là, you get my point.)"
7 - Sound of Metal
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Ok, c'est possible qu'une des principales raisons qui a motivé ce visionnement est mon light (qui est-ce que t'essaie de tromper Olivier?) crush sur Olivia Cooke. Quoi, il est dans les top de tout le monde ? Ah bin tant mieux, c'est encore plus justifié.
Dès les premières minutes, Sound of Metal nous place comme spectateur dans un scénario qui crée immédiatement une angoisse viscérale, perdre subitement son ouïe, au point de me questionner si j'allais arriver à passer au travers de ce film. J'ai littéralement dû faire des sons avec ma bouche pour me rassurer que c'était effectivement juste le mix sonore et pas une perdre d'audition simultanée.
Par contre, l'immersion progressive dans le processus d'adaptation de son protagoniste permet d'en arriver au constat que s'approprier un tout nouvel univers n'est peut-être pas facile, mais ce n'est pas pour autant impossible. Et le coup de maître final est, en dernier plan, de nous ramener exactement à la situation d'angoisse présentée en ouverture, mais qu'elle soit maintenant source d'appaisement profonde.
6 - Red Post on Escher Street
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Sion Sono n'est jamais ennuyeux. On sent aussi que plus les années avancent, plus il devient ambitieux et confiant, des fois par nécessairement pour le mieux (*fait des gros yeux àTokyo Vampire Hotel*) Heureusement, Red Post, son film chorale sur le processus créatif, l'instinct artistique des acteurs et la fébrilité des plateaux de tournages arrive à conserver son électricité et notre attention jusqu'au bout de ses 2h30 ! Ce qui n'est pas mince affaire. Bravo Sion !
5- Bill and Ted Face the Music
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Ce choix est probablement biaisé par le fait que ce 3e opus du Canon Bill & Ted est l'une des rares comédies que j'ai vu cette année dans une salle (relativement) remplie. L'expérience communale du rire et du bonheur s'agence parfaitement avec la pureté et la bonne intention des deux duos de protagonistes et leurs aventures à travers l'Histoire. Des fois on veut juste ça, du bonheur tsé ! Merci Bill & Ted & Billie & Thea.
4 - Another Round
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Parce que la catharsis et joie pure qui découle de la scène de danse finale de Mads me fait sentir mieux à propos du fait que ma consommation d'alcool a drastiquement augmentée cette année. Oups, too real ?
3 - Il n'y a pas de faux métiers
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Je suis gêné de dire que le cinéma d'Olivier Godin ne m'a jamais tant rejoint. J'apprécie à quel point il est unique et spécifique, mais bon, je m'étais résolu à ce que nous vibrions simplement sur de différentes longueurs d'ondes... jusqu'à Il n'y a pas de faux métiers ! Est-ce que c'est dû au long échange sur les thématiques de Buffy the Vampire Slayer ? Possible, mais c'est le top à bibi, alors c'est cohérent ! Godin arrive toujours à nous surprendre en restant immanquablement fidèle à lui-même et son dernier film est de loin le plus abouti et maitrisé.
2 - David Byrne's American Utopia
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Pour justifier ce choix, je pense par contre que simplement décrire l'oeuvre c'est suffisant : Une célébration festive et dansante menée par un gentil monsieur qui dégage pureté et sérénité, entouré d'une des troupes de musiciens et danseurs les plus électriques que j'ai vu en concert. Ah et je me suis commandé l'enregistrement de leur performance sur vinyle ( média physique, la voie de l'avenir !) puisque la musique de Byrne m'habite sans arrêt depuis que j'ai vu ce film - réalisé par Spike Lee qui plus est !
1 - Kajillionaire
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Je me réjouis particulièrement du fait que l'étrangeté des univers de Miranda July ne fasse que prendre de l'expansion ! Surtout pour être ici au service du récit le plus tendre d'une année qui a été toute sauf. On connait tous la situation de 2020, de la pandémie, le confinement et l'omniprésence du tout, au point qu'on ne sait plus comment en parler, mais le scénario de July - clairement écrit avant tout ce shitshow, arrive à souligner la place que peut (et doit) prendre le contact et la chaleur humain pour s'assurer de notre bien être psychologique et de notre développement social. Aucun film n'a amené de façon aussi pertinente et douce la question de notre rapport aux autres, et nous rappelle à quel point la douceur d'une caresse, ou l'affection d'un.e proche peut faire toute la différence dans une vie.
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